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Critique de livre: Cityboy

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Naviguant entre fiction et autobiographie Geraint Anderson dévoile avec ce premier livre les dessous plutôt scabreux de la City. Autrement dit le milieu de la finance londonienne.

Et autant le dire tout de suite, c’est pas beau. On y croise des gens malheureuxvivant pour le travail, avides, bourrés d’un esprit de compétitions à faire pâlir un noir. Durant plusieurs pages on passe par des partouses à faire vomir, des tromperies, des mensonges et j’en passe. Bref, la moralité est incroyablement basse mais l’auteur veut dénoncer ici un milieu qui n’a vraiment rien d’enviable. Pourquoi est-ce qu’aujourd’hui tant de personnes y travaillent pourrait-on se demander. L’auteur a son idée:

Oscar Wilde décrivait les cyniques comme des gens qui connaissaient “le prix de chaque chose et la valeur d’aucune”, mais il aurait aussi bien pu parler des Cityboys (…) Avec notre besoin pathétique de toujours surpasser nos pairs, il neigera en enfer bien avant que ne se matérialise une baisse de la consommation.

C’est simple, mettez à profit la cupidité de l’homme et son envie d’être au-dessus des autres et il sera d’accord de passer sa vie au travail, de trahir, de tromper et de passer par des choses les plus viles simplement pour se dire qu’il est meilleur. Le personnage principal ce cette histoire reste d’ailleurs dans ce milieu uniquement pour humilier un certain Hugo qui l’a un peu trop rabaissé à son goût lors de ses premiers pas dans la City.

L’esprit de compétition est ainsi l’un des éléments moteur de ce système pernicieux. Bien mis en évidence tout au fil de la lecture, l’auteur l’explique en toutes lettres en page 117:

Si ma théorie est exacte, si cet esprit de compétition est bien endémique dans la City et s’il résulte de sentiments d’infériorité, alors je pense pouvoir conclure sans risque que le manque d’assurance est la principale force de la City (ainsi qu’une insatiable cupidité bien entendu). (…) Seule cette volonté désespérée de gagner, soigneusement entretenue et catalysée par un profond sentiment d’insécurité, peut expliquer pourquoi les travailleurs de la City se lèvent chaque jour à cinq heures et demie du matin et bossent plus de soixante-dix heures par semaine alors que la vie est si courte.

Et autant le dire, de cet acharnement au travail résulte des salaires et surtout des bonus tout simplement indécents. L’auteur le reconnaît le premier et le dénonce mais c’est bizarre je trouve assez facile de le reconnaître maintenant après en avoir profité durant plus de 10 ans… Enfin bref je me perds là. Reprenons.

L’un des gros problème avec ce système financier faisant la part belle aux bonus mirobolant se répercute directement sur le citoyen lambda de Londres.

La somme que j’ai dépensée ce jour de mai 2001 avec Richard me révéla combien les prix avaient augmenté dans cette bonne vieille ville et je me demandai où le pékin moyen pouvait trouver les moyens de sortir le soir, à moins de se faire dealer ou de braquer les grands-mères.

Un autre problème de ce système touchant cette fois-ci les cityboys eux-mêmes est que ces rétributions éxubérantes ne les rend de loin pas heureux. Pire elles pourrisssent leur vie! Soit ils se baladent en costumes à plusieurs milliers de livres dans une voiture de luxe, font la fête aux quatre coins du monde, mais et alors? A côté de Áa ils n’ont pas d’amis, se droguent et vivent une vie fondée sur la peur! Merci mais même pour un salaire défiant tout bon sens je préfère garder le miens, raisonnable qui me permet de vivre normalement.

A noter également que ce livre comporte un humour bien trempé avec des sorties parfois même woodyallenesque mais également certaines citations fort intéressantes:

Ce que je peux dire en conclusion c’est qu’à mon humble avis ce livre critique de la bonne manière notre système capitaliste occidental actuel qui pousse chacun de ses partisans (volontaires ou tacites) à donner toujours plus de lui-même, qui est rétribué assez aléatoirement en fonction de ce qu’il produit mais qui surtout ne sera - et ne doit pas être - satisfait pour autant. Le moteur du capitalisme comme bien démontré par l’auteur est l’esprit de compétition et la consommation à outrance… Jusqu’à ce que notre planète dise stop!

Malgré un langage cru, parfois trop à mon goût, et des scènes à vous rendre nauséeux je recommande ce livre qui me laisse un sentiment de colère mais qui m’a d’un autre côté fait rire plus d’une fois. J’y vois un grand opportunisme de l’auteur qui a profité de ce système pendant plusieurs années et qui maintenant le dénonce. Certains penseront qu’il crache dans la soupe. Soit.

Finalement, il faut aussi noter que l’auteur fait une description intéressante de plusieurs événements marquants dans l’économie récente comme l’affaire Enron, Worldom ou encore Tyco.

Et en bonus on y apprend la confirmation que les suisses-allemand sont ennuyeux:

A Zürich, je crois pouvoir dire que j’ai rencontré les individus les plus ennuyeux qu’il m’ait été donné de croiser. Le manque de joie de vivre des suisses-allemands n’avaient d’égal que leur maniaquerie.

Cityboy a généré un certain buz, si vous êtes intéressé vous pouvez retrouver la page d’accueil du bouquin avec tout ses dérivés sur www.cityboy.biz

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